ARCHE(O)LOGIES DES DECOUPAGES

Quelques instants plus tard, le même lieu, le même jour

De la même manière qu’il existe une archéologie des profondeurs et des surfaces, il existe une archéologie du ciel et des hauteurs à laquelle nous n’avons accès qu’à la condition d’être renversé, tête à l’envers.

On verra bien, de bord à bord, dans sa situation millimétrique que le corps de l’image est semblable quelqu’en soit l’exposition.

Ce qui surgit ici dans ces plaques de sensibilisation sont autant de miroitements construits, voulus sur le modèle du microscope et de ce qui sous la lentille peut s’observer: un détail qui nomme un ensemble et à partir duquel tirer tous les fils soit possible.

DES CONTINENTS

31102021

Basse pression – Hecto Pascal inconnu ( non relevé ) formation de cumulus actifs formés Nord Nord Est Ouessant. Pas d’apparence.

Le plus incertain décortiquer les images pour leur faire signifier quelque chose, les forcer. La langue est fasciste en ce sens disait Roland Barthes, qu’elle force à dire.

Il vaudrait mieux, de part en part s’appuyer sur l’insignifiant. Nommer, étinceler, quelle raison sous-jacente? Un trait d’étincelles au dessus-dessous des nuages. Le vieux pétard mouillé de la conscience, ce refuge habité paraît-il…Tous là avec son grattoir.

Quel rationalité du discours apparenté au site? Un appareil du commun – collectivité où l’objet, vertueusement existe entre, non pas dans l’inhérence de chacun, surgi comme produit arraisonné d’un savoir ou d’une connaissance, vague, aussi vague de ce qui fut rapporté, un rappel.

Une rencontre ou à l’encontre. Je mesure que l’objet se vide par l’absence de discours ou encore, que ceux-ci là sont las, trop communicants, dont l’essence est d’être neuf, disons nouveau, témoin que quelque chose se passe qui pourrait nous retenir, notre attention, voire l’échéance d’une promenade. Nous irions voir ceci, empruntant la carte, un mémo d’annonce. Le principe de la communication n’est-il pas d’avertir?

Les éléments seraient toujours au dehors, à découvrir, non pas dans la remémoration d’un événement disparu et à convoquer, familièrement un souvenir. Mais le dehors nous déporte. Fait de nous des vagabonds, une errance. Il attire certains plus que tout qui n’ont pas assez de poutres ou de chapelle ardentes à l’intérieur. Parfois ils sont attirés sur les plages et quelqu’un les assassine.

MISES EN GARDE

I. Disciplines

Il m’arrive parfois de décortiquer, après coup mes rendez-vous.

J’imagine que chaque institution a sa discipline, des règles liées à l’univers qu’elle promeut, dont elle défend la cohérence statutaire , les exercices de nomination. Elle n’accueille l’étranger qu’avec réticence, à son corps défendant.

Ici, comme le cite Michel de Certeau dans son introduction à la fable Mystique, le gardien dit: « pas encore », annonce l’attente infinie:

« Je ne suis que le dernier des gardiens. Devant chaque salle, il y a des gardiens de plus en plus puissants, je ne puis même pas supporter l’aspect du troisième après moi »

Du même auteur reprenant l’ouverture:

 » Je ( Il , le livre ) me présente au nom d’une incompétence: je suis exilé de ce dont je traite (…) le travail ( l’écriture) se produit à partir d’un deuil ( l’exil ), qui constituait déjà au XVI siècle un secret ressort de la pensée: la Melancholia. Un manquant fait écrire. Il ne cesse de s’écrire en voyages dans un pays dont je suis éloigné. A préciser le lieu de sa production, je voudrais d’abord éviter à ce récit de voyage le « prestige  » ( impudique et obscène dans on cas ) d’être pris pour un discours accrédité par une présence, autorisé à parler en son nom, en somme supposé savoir ce qu’il en est(…).

Introduction. La fable mystique. M de Certeau

J’appelle cela, le décalant, en faisant usage : La mise en garde du pingouin .

II. Histoire

« Papa, explique moi donc à quoi sert l’histoire?

( C’est, dans le texte le fils de Marc Bloch qui pose la question)

(…)

Qu’on évoque devant ses yeux la suite proprement innombrable des générations qui ont précédé la notre – depuis qu’un être susceptible de répondre à la définition de l’Homo sapiens est venu figurer l’une des nervures de cet immense éventail de formes vivantes que la nature dans sa fécondité déploie et élargit progressivement: cet éventail dont l’image se substitue en nous de plus en plus, aujourd’hui, à la vieille image d’un continu linéaire de nos pères – d’une évolution qui, des animaux à l’homme, était censée tendre un fil unique et sans rupture. Derrière chacun de nous, quelle suite prodigieuse d’accouplements, de viols, de mélanges brutaux ou d’unions normales: un vertige. Et la mémoire de l’espèce en garde les traces pendant combien de temps? Mais que d’expériences aussi ! Que de participations à des sociétés prodigieusement différentes les unes des autres ! … Que de marques laissées, sur nos ancêtres immédiats sur nous mêmes par des systèmes d’idées et de croyances, par des « institutions », au sens sociologique du mot, dont les brusques réapparitions, les surprenants affleurements nous stupéfient parfois – et nous stupéfieraient bien plus encore et bien plus fréquemment , si nous nous appliquions à mieux nous observer de ce point de vue ! Mais un instinct nous en détourne. Un instinct nous avertit de ne pas nous laisser hypnotiser, envoûter, absorber par ce passé. Un instinct nous dit qu’oublier est une nécessité pour les groupes, pour les scouts qui veulent vivre. Pouvoir vivre. Ne pas se laisser écraser par cet amas formidable, par cette accumulation inhumaine de faits hérités. Par cette pression irrésistible des morts écrasant les vivants – laminant sous leur poids la mince couche du présent jusqu’à lui enlever toute force de résistance…

(…)

Vers une autre histoire. Lucien Febvre.

De ce long paragraphe, je tirerai l’enseignement de l’éventail, contrepoint du linéaire . Ce déploiement de la figure , des correspondances innombrables en opposition contre la forme majeure géologique de l’empilement, des couches successives, élaborant un thème mineur toujours repris.

Today17102021

Un bateau s’en va. J’ignore sa destination. Il quitte le bord avec une puissance contenue, n’a franchi aucune passe encore. J’ignore tout de ses moteurs, des hommes à la barre sur l’avancée du pont supérieur, des écrans qui disent une météo sans souci, de l’homme qui porte le plus de galons dorés et qui a laissé le commandement au pilote du port et dont la veille, du regard et d’un geste, d’une voix sans sursaut garantit l’accès au large.

L’image, pan toujours décalé ne sert ici qu’à fixer la fraction. Elle, littéralement nous tamponne. Dans le détail, on observe le soleil levant. Voilà , c’est cela: un point d’observation. Ce qu’est le point dans la myriade il est difficile de le dire; il faudrait en formaliser les sinus . Empreinte? Nous serions déjà dans le lexique de la conservation, mise en jeu de la trace. Pourquoi pas?

Mais suspendons, disons le retrait à vif, insaisissable, disparu. D’autant que, dans cette position, nul ne sait qui observe.

L’actualité de la nasse est toujours équivoque. Si on plongeait le filet le laissant dériver avant d’articuler les treuils, on entendrait sans doute le travail des pelleteuses, le murmure des bureaux d’études, les premiers assemblages publicitaires où se coulent les graviers et ciments des fondations. Un concours où les flux travaillent à mesure la patience et, la constituant par veines, leur font acquérir une gravité dans l’espace, une consistance, une forme, celle d’un réseau balayé , orienté, suspendu aux travaux, à leurs complications inévitables, en un mot: un dessin. Ici il faut nommer le pas fatigué et soucieux des ouvriers qui empruntent les ascenseurs monte-charge. De bonne heure, il a claqué la porte, après avoir embrassé sa femme et sa fille. C’est cela qui sera aussi enfoui, inaccessible, sauf pour eux. Ce moment.

Il faudrait ainsi pourvoir à un journal qui serait celui de la construction.

A partir de ce point de vue arrimé sur le toit, dans l’angle. Le métal aveugle du pingouin, le recel du paysage, cette mémoire avant la disparition. Non pas relais mais feuille, non pas éparpillement sans distinction mais reliure.

LFV//101012021

MRS_VM_LFV 10 OCT 21 /07H29


Nommer ce qui – quoi qui, dans l’image se révèle, se révulse, est dit, se dissimule, hors limite.

Coordonnées/ Latitude – degré
Tout le vivant

J’ai donc laissé les autres se prendre les pieds dans le tapis de l’actu. Public peu nombreux dans une salle des fêtes de province. Rurale comme disent les économètres savants qui nous glissent des cailloux dans la chaussure pour nous apprendre à marcher et à voir. Une étape. Le contraire d’un banquet.

Ainsi, avec un organe de presse, un lieu culturel, une scientifique et après dépouillement des votes du public – autant d’inscrits que de votants que d’exprimés – nous avons choisi une image de la frise noire. C’est le mammouth N°5. On dirait un choix de parfum de luxe.

Il faut laisser les autres faire, s’avancer, se déplier.

Tout cela est quand même bien étrange…