REFLEX 251121

Cette Image, naturellement il faut s’y confronter, la décrypter.

Elle est la base, l’objectif, un noeud puissant.

Il faut toujours y revenir comme à une obligation essentielle.

Donc s’exercer à produire des énoncés.

Identifier le lieu des écorces successives autorisant l’accès à l’empreinte géologique.

Ce serait un moyen d’en constituer le plan de réalité, ici même dans le retrait contemplatif de la scène mémorielle laissant venir les tisons du langage par le cortex.

Lui conférer un statut statistique.Dire l'(a) position, coordonnées géodésiques , référentiel spatio temporel.

La titrer : « Marseille, vue du Port ».

L’engager dans L’ espace buissonnant de l’Histoire, autrement dit la situer.

Voir la manière dont ces éléments s ‘organisent, se distinguent dans le plan géométrique. Prendre en considération le mouvement contenu par le cadre, l’agitation dissimulée – un batiment est au repos – , la cinétique du moment, sa turbulence invisible, son Clinamen.

Nous pourrions dire du fragment, si nous le considérons comme tel, qu’il est carré, qu’il est une surface dont on peut mesurer l’étendue mais pas la profondeur.

On ne sait pas qui a pris le cliché, probablement un satellite. Les bords nets de l’image, sa coupe disent autre chose que le lambeau. Nous pourrions , devons procéder à l’inventaire, c’est à dire prêter un mot qui, dans le jeu de la langue, sera un constat provisoire de ce que nous voyons, prenant aussi en compte la possibilité du hors-champ, de ce que le regard constitue et de ce qu’il se révèle impuissant à épuiser dans le coeur de l’image: la représentation.

Nous pourrions tenter par une suite d’essais ininterrompus d’en accrocher le style, les qualités: froideur, ou glaciation de l’image renvoyant à une objectivité caractérisée par la distance. Ou même, parce que l’image est figée qu’elle est faussée.

Dans l’illusion des degrés, la fourberie des perspectives, nous pourrions, à ce moment là, en préciser enfin la fonction, ce à quoi ces éléments ainsi calibrés sont destinés. Identifier ce qui porte cette fonction, la structure et préciser la manière dont elle s’anime et prend en charge. Voir ce qui la justifie.

Nous rendrions ainsi hommage à un exercice de lecture caractéristique des années 80.

Vue du corps, nous remarquons que cette forme ne s’inscrit pas un cercle pupille, un oeil et qu’elle ne peut donc s’ajuster dans un coulissement. Nous sommes incapables de deviner l’altitude de ce point de vue. C’est un trouble en se sens que déjà se mêle à aplomb de la prise de vue orbitale ce que nous sommes, vertébrés en quête d’horizon.

Si nous nommons la prise un Trésor, nous lui prêtons une valeur où l’indicible inaugure un échange . Ce point est l’aboutissement. Cette valeur est . Les opérations marquent une pause.

Confrontés à cette image, le surgissement, l’apparition du mammouth de la Frise Noire de Pech Merle mènent par toutes sortes de diffractions, à une explosion mineure, un éclatement du centre. La position est rompue, l’ancrage est différé , l’image se met à flotter, incertaine.

Surgit alors une possibilité de transport, une figure de style apparentée à une métaphore.

Puis, enfin, à partir de cet échafaudage sophistiqué et maladroit, tout laisser sur place, se retirer de l’image.

C’est toujours, au bord du sens que nous mobilisons notre fétiche:  » I would prefer not to ».

Ce tremplin vibratoire où la langue organique est. Nous sommes au bord prêts à sauter dans le vertige de l’énoncé, sa projection, munis d’élans. Les sauts à l’extrême du plongeoir produisent une vibration. Les orteils et la voute plantaire s’étaient crispés sûrement au bord de la planche .

Cette silhouette labile, c’est l’Homme au bord de la piscine. Etincelant dans son maillot qui dissimule sa nudité.

Toujours les animaux se jouent des ports et demeurent invisibles, objets d’excursions.

Cela fait, nous nous tiendrons à l’écart. C’est ici que l’histoire commence. Dans le Fabuleux voyage, M le mammouth s’expose au dehors et n’a rien à dire, il est muet suspendu au risque qu’il prend:  » Que diront les gens? » .

C’est Nous qui parlons, Nous seuls, dans cet enlacement.

FRISE NOIRE – PECH MERLE
Il n’y a ici, dans l’objet peint- dessiné aucune menace

M le mammouth / Frise noire – Pech Merle

Cosquer : Scène dite des « Trois pingouins ».

Pinguinus Impennis I. Villa méditerranée. Centre d’interprétation de la grotte Cosquer.

22112021

Il va de soi que chaque image nourrit et dissimule une intrigue. Chaque fois, l’on se demande: que se passe t’il? ou, si l’évènement – ou ce que nous avons élaboré comme tel -s’est déjà produit, que s’est-il passé?

De cela même, qu’il est passé, voire s’est produit, pouvons nous acquérir la certitude?

Le motif du rien est donc déconcertant. Il déconcerte en raison de sa négativité apparente et de la disjonction qu’il introduit dans le phrasé temporel.

Ce matin là, il avait plu sur la villa. Je l’observais de loin, à des centaines de kilomètres. C’était un chantier immense qui progressait vers sa clôture. Nous étions attendus à cette date. En termes de ponctuation, donc de rythmes, nous nous apprêtions à un point virgule plus qu’à un point puisque l’inauguration officielle était prévue le 28, nous le 04 de ce même mois de juin 22.

Qu’y avait-il donc dans cette image qui put s’énoncer, faire l’objet de remémoration? Je songeais à l’ équipage de W V Humboldt, à l’assaut d’un sommet en Amérique du sud avec un ensemble d’instruments de nature à nommer les nuages à partir de leur forme. Sans doute un travail assez sûr.

Qui eût pu se douter qu’en dessous, dans sa profondeur d’image, une grotte était en voie d’achèvement, avec ses répliques d’ondulation, ses gravats enchevêtrés? Que là, faisant écho aux vers de Rimbaud, se distingue la pépite d’une empreinte, minuscule, non pas un miroir mais un fac-similé, une reconstruction.

A chacun échoit le devoir d’orpaillage et du tamis.

 » Ô que mon coeur éclate Ô que j’aille à la mer »

 » Elle est retrouvée! Quoi?
L’éternité
c’est la mer allée au soleil »

_______________________________________ Je pointille……………………………

Il faut donc saisir une perspective , une organisation sous – jacente dans l’à plat photographique, son découpage, ignorer ce qui se manifeste dans le hors-champ. On notera les arrivées et sorties du port. Les pas étouffés dans une salle de contrôle où s’organise l’ordre l pendulaire. Eviter tout accident est le mot d’ordre. Le calme est trompeur. Ici, tout est attention au moindre dérèglement.

Les ports ne seraient plus végétatifs.

Nous sommes au port, face à la mer.
Un pingouin guette.
Rien d’autre.

Je jouais à la marelle en alignant les Topos. Lignes, courbes, frontières. Paysages.

Faut-il à partir des carrés blanc et noir tendre une ligne jusqu’au pôle. Devient-elle alors dans le tressage de ses torons une ligne de vie assez sûre pour nous dégager de l’emprise du lieu, de ce qui s’y joue ordinairement, dans la durée où chacun vaque?

Est-elle une indication?

Au cours d’un déplacement récent, la pensée me vînt qu’au lieu de panneaux nommant, villes , villages, gabarit routier, il eut mieux valu, dans les fossés, nommer les arbres, les arbustes, tout le massif du végétal pour attirer l’attention vers son existence fragile.

 » ici Peuplier, Ici Chêne emmêlé au bouleau, Ici plan d’herbes se croisant … » Qui sait où de telles indications nous mèneraient, comment nos destinations évolueraient ?